mercredi 3 juillet 2013

5. Révolution

Peu de nouvelles, bonnes nouvelles. Enfin, ça dépend du point de vue.

Les questions, les souvenirs que j'évoquais ne sont pas partis, ne m'ont pas laissée en paix. J'ai recommencé à fumer, je n'ai toujours pas très faim. Mais la différence, c'est qu'aujourd'hui, j'ai accepté ces souvenirs qui, de douloureux sont devenus précieux et tendres. Je suis heureuse aujourd'hui. Mais à quel prix.

Récit.

J'ai mis fin à une histoire de 3 ans. Un record pour moi. 
Une histoire qui m'avait apporté stabilité, tendresse, affection. 
Une histoire qui m'avait aidée à m'accepter telle que j'étais, avec mes défauts, qui m'avait aidée à éviter Mia, qui m'avait aidée à prendre conscience que j'avais de la valeur. 
J'y ai mis fin, j'ai tout arrêté, avec l'impression de piétiner cruellement tout ce berceau de tendresse qui m'avait enveloppée depuis si longtemps. 

Je suis partie. 

Il y a eu toute une accumulation d'indices, de signes avant-coureurs. L'amertume du cadeau de Noël, le constat du néant concernant notre vie sociale, le fait que jamais nous ne soyons partis en vacances, l'ennui, la frustration par rapport à ses études, la lassitude quand je rentrais et que tous les jours il jouait, et d'autres, tant d'autres. Je pensais pouvoir supporter tout ça, je m'étais dit que j'y étais habituée. Et puis la question qui déclenche tout lors de la soirée entre collègues, la putain de question qui fait mal, tu es heureuse? et l'alcool, et le ventre vide et le coeur qui se flétrit en un millième de seconde, je reste muette, je sais que non, putain, non, je ne suis pas, je ne suis plus heureuse, je veux partir, je pense à l'autre, je pense à moi autrefois, je regrette, je déteste regretter, alors je prends ma décision.  En sortant du restaurant, j'envoie un sms, un appel à l'aide. Il me rejoint à la gare, et je sais alors qu'entre M. et moi, c'est fini, il n'y a plus rien. Je passe la nuit dans ses bras, une nuit blanche, totale, je pars au travail défoncée, triste, heureuse, paumée, enveloppée de fumée et d'effluves d'alcool. 
Lorsque je rentre sur Crbv le soir, j'évite M., je ne le regarde pas, ne l'embrasse pas, pars me coucher directement. Je passe mardi soir ailleurs et lorsque je rentre mercredi après-midi, je lui dis, je ne suis plus heureuse, et tout s'arrête. 

En ce moment, je suis chez lui, enfin plutôt, chez eux, vu qu'il est en colocation. J'y reste pendant que M. cherche un appartement. Comme il s'occupe de mes lapins, je lui dis d'arrêter, en contre-partie, de payer sa part de loyer. De toutes façons il faut que je m'habitue à le payer seule. Je me plaignais d'argent, j'ai pas fini. 

Evidemment, la question qui se pose, c'est qui est ce lui dont je parle, ce lui qui me refait me sentir heureuse à nouveau. Oh, mais si vous me connaissez un peu, vous vous en doutez, peut-être. 
Car oui, c'est bien lui, le green-eyed man. 
Celui qui m'avait quittée il y a de ça 5 ans pour la Bretagne, celui qui m'avait offert le plus beau des miracles de Noël sur Paris, celui qui m'avait fait pleurer, tant pleurer lorsqu'il était vraiment parti, celui que je n'ai jamais vraiment oublié. 
Sur un malentendu, nous nous revoyons, et je cède et je craque et mon coeur me dit que je suis une idiote finie. Et quelques jours plus tard, nous nous retrouvons. Pour de vrai. 

Nous avons beaucoup parlé. 
Chacun, de notre côté, nous avons évolué, rencontré des gens, vécu des choses. Nous savons ce que nous voulons. Il reconnait ce qu'il a fait. S'en veut. Je sais que je n'ai pas été honnête non plus.
Nous avons beaucoup parlé. 

J'ai confiance. 
J'ai confiance en lui, j'ai confiance en moi. C'est mon choix de revenir avec lui, parce que si je ne le fais pas, je le regretterai toute ma vie. Je recommence à vivre. Enfin. 
Il me booste, il me motive au lieu de compatir, il me sort, nous avons des projets. Putain, des projets ensemble. Il regrette. Je l'embrasse. 
Je me sens vivante. A nouveau. 
Les gens peuvent bien penser ce qu'ils veulent : que je suis une cruche qui va se faire avoir, que je suis c*nne de revenir avec lui, que.... Je m'en moque. Et si je me casse les dents, ce sera entièrement de ma faute et j'assumerai tout ça toute seule, comme une grande. Mais laissez-moi. Laissez-moi essayer d'être heureuse avec celui que j'aime vraiment. 

Ma mère me dit qu'elle comprend, que c'est de mon bonheur dont il est question. Je lui dis que je suis heureuse, et je sais qu'elle sourit un peu au téléphone. 

Nous avons beaucoup parlé. 
Pour éviter les erreurs, les déceptions à venir. J'ai pleuré, de nombreuses fois, parce que j'étais heureuse, parce que j'étais triste pour M., parce que j'avais peur, parce que je lui confiais de douloureuses choses que je n'ai dites à personne, parce que je lui ai avoué ma relation avec Mia. Il m'a écoutée, m'a rassurée, m'a acceptée, m'a encouragée à aller de l'avant. Il me promet de me botter le cul pour bosser l'agreg, il dit qu'il me fait confiance, il dit plein de choses totalement gnan-gnan, je rigole, je ne me souvenais pas qu'il pouvait avoir des sursauts de romantisme crétin. Il me dit que j'étais plus romantique autrefois, que j'ai sûrement changé à cause de lui et il s'en veut, et je rigole, ça ne vient pas que de lui, surtout pas. 

Il m'a présentée à ses amis. Des amis proches. Il était heureux de le faire. A un peu insisté car j'étais fatiguée, mais m'a dit que c'était important pour lui, alors je suis venue. A eux, il n'avait jamais présenté personne. J'oscille entre fierté, bonheur et intimidation.

Ce week-end je rencontrerai sa mère, et cet été, il pose ses jours de congé et nous partirons en vacances chez mes parents. Nous retournerons en week-end avec ses amis ensuite. 

J'ai l'impression d'être redevenue la meuf d'il y a 5 ans, qui écrivait  un billet sur le miracle de Noël qu'elle venait de vivre.Et ça fait du bien. Je m'en veux presque de me sentir aussi bien. Mais tant pis. Je compte bien en profiter. 


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