mardi 30 juillet 2013

12. Retrouvailles

Retrouvailles avec moi-même.

Finalement, le trajet en voiture s'est très bien passé pour les poilus. Betty s'en est très bien remise, et Grib' a fait la fête dès sa cage ouverte. C'est pas bien pour l'environnement, mais la clim' a beaucoup aidé. Nous avons passé trois jours chez mes parents, trois jours à Six-Frs, puis encore deux jours chez mes parents. Ensuite, retour sur Chnns chez sa mère, où nous avons presque fini nos vacances, pour rentrer sur Paris avant-hier, dimanche.

C'est là que le choc a eu lieu.

J'avais hâte de retrouver mon appartement. Mais plus nous nous approchions, plus une angoisse sourde me saisissait. Et en ouvrant la porte, j'ai su. Bordel, crasse, apocalypse. Il est resté un peu sonné, choqué, de voir cet endroit. Plusieurs fois, il me demande comment j'ai pu devenir comme ça. Je ne réalise pas vraiment au début, je me sens blessée mais plus encore, le sentiment de l'avoir déçu me terrorise, mais je ne pleure pas. Nous commençons à nettoyer et ranger. Et c'est là. C'est là que je me rends compte, au fur et à mesure des passages de chiffons, lingettes, balais, aspirateurs, je me rends compte dans quel amas de merde et de crasse je vivais. Et plus je nettoie et range, plus je me fais peur. C'est ça, moi ?
Je comprends son ahurissement, et en silence je nettoie et frotte et ravale mes larmes.
Le temps passe. Plus j'enlève de la poussière et du gras sur les murs et des poils de lapin, plus je repense amèrement à l'éducation que j'ai reçue de ma mère, à mon premier appart' sur Paris qui n'a jamais été dans un tel état, à mes débuts ici quand je crisais, nettoyant et rangeant tout à 1h du matin incapable de dormir en sachant que le bordel était roi. Et puis je me questionne, pourquoi, pourquoi suis-je devenue comme ça ? Je ne suis pas maniaque mais laisser s'accumuler des touffes de poils dans la salle de bain, non. Laisser des traces de liquide par terre, non. Laisser des tas de restes de feuilles de légumes qui pourrissent dans le frigo, non. Non, ce n'est pas moi, et j'ai envie de pleurer, de me cacher, honteuse et dégoûtée.
C'est un tout.
Je ne prenais plus soin de mon appartement, ni de moi-même. Ni de mes affaires. Ni de mes livres. Ni de mes pinceaux, tous morts. Parce que je vivais avec quelqu'un qui ne voyait rien, j'ai laissé faire, je me suis laissée entraîner, encrasser, embourber.
Il me demande comment j'ai pu vivre ainsi trois ans, je ne sais plus répondre, je ne trouve plus une seule raison valable, je sais que ce n'était plus de l'amour depuis longtemps. Juste, une habitude. C'était normal de ne rien faire, de rentrer et le voir jouer, d'être triste en pensant à ses études, d'acheter toujours des choses aux courses supplémentaires pour nous et lui, jamais, c'était normal de dépenser 400€ en cadeau et recevoir une mandoline, c'était normal de payer, d'avancer la taxe d'habitation, c'était normal qu'il achète des jeux, c'était normal, tout me paraissait normal.
Il me dit qu'il se moquait de moi, je secoue la tête, prenant faiblement la défense de M., mais plus il m'énumère des détails, plus je suis triste, oui, objectivement parlant, on pourrait croire ça, même si je sais que ce n'était pas le cas. J'ai ma part de responsabilité aussi.
Nous avançons lentement. Le couloir, la salle de bain, la cuisine. Aujourd'hui, il reprend le travail, je vais m'occuper de la salle à manger. C'est difficile, mais je me sens revivre. Je me retrouve.

Ranger, nettoyer, remettre en place. Il m'aide, nettoie les endroits merdiques, sue et transpire, m'achète un tapis pour la chambre, me met une nouvelle barre de douche, transporte des choses à la cave que je n'ai jamais vue, installe un rideau, me force à boire de l'eau car je ne bois pas assez, m'aide à me tenir droite, il est là. Tout ça ne l'a pas effrayé, il est resté, il a encore beaucoup de projets pour nous.

Ma mère me dit, il prend soin de toi, ça se voit. Il fait adulte, M. était un petit garçon et je suis d'accord avec elle. J'ai l'impression d'être une femme, non plus une maman-doudou. D'être une personne avec des peurs qui sont chassées, des doutes qui sont éjectés, des questions qui obtiennent des réponses. Je me projette dans l'avenir, chose incroyable. Je veux décorer, ranger, reprendre la lecture, le dessin, les études, j'ai plein de projets en tête, et quand je me regarde dans le miroir, je me vois, moi.

Et je souris, parce que j'ai l'impression qu'il y a bien longtemps que je ne m'étais plus regardée.

Il m'a aidée à me retrouver.

vendredi 12 juillet 2013

11. Départ

Aujourd'hui, c'est le départ.
Vers midi j'irai à Crbv chercher les poilus. M. n'a toujours pas reçu les papiers de son père pour trouver un appart', je suis un peu choquée. Un peu comme si son père n'en avait pas grand chose à f... Mais bon, son père a refusé d'être garant, aussi, alors je sais qu'il est un peu spécial.
Donc, midi, je suis avec mes deux poilus. Et là, je dois ensuite partir prendre le ter + métro pour aller jusqu'à la gare de Ln, pour ensuite reprendre un autre ter ou transilien afin d'aller rejoindre monsieur qui bosse aujourd'hui à Mntr, puis nous partirons pour Chnns (c'était mieux de faire ça, plutôt qu'il fasse Mntr -> Prs -> Chnns sachant que pour sortir de Prs, un vendredi de veille de w-e de départ en vacances, on va en iech) où nous passerons la nuit, puis demain vers 6h nous prendrons la route en direction de Mrsll.
Autant vous dire que je balise grave pour mes poilus. Autant Gribouille ne m'inquiète pas, mais Betty, oui.
J'ai prévu un sac avec un condensateur pour de la salade, des bols d'eau, mais je ne pourrai pas faire beaucoup plus. Il y a la clim dans la voiture, on ne la mettra pas trop forte, ça évitera au moins la grosse chaleur.

J'ai hâte d'arriver samedi après-midi / soir.
Je ne donnerai sûrement pas de nouvelles d'ici quelques jours ici. Mais comme on dit, pas de nouvelles, ...


mercredi 10 juillet 2013

10. Dégoût

Je suis végétarienne. Je ne mange ni viande ni poisson et ai commencé à réduire drastiquement les oeufs (je ne pense pas arriver à les virer totalement de ma consommation, vu qu'il y en a partout dans les gâteaux, quiches etc, mais ne tout cas, je n'en mange plus en tant que plat principal). Ca fait plus de 10 ans que j'ai cessé de manger de la viande, environ 6 ans pour le poisson (je crois, j'ai pas de date précise pour ça). La seule exception que j'ai pu faire, c'était au Japon. Je voulais quand même goûter les plats typiques de ce pays  qui me fait rêver depuis si longtemps, mais je n'ai mangé au final que peu de chair animale.

Je suis végétarienne, donc, et ma famille est au courant. Je n'arriverai jamais à faire entrer ça dans la tête de ma grand-mère qui ne pense qu'à manger et me propose régulièrement de déroger à la règle en voulant me filer du blanc de poulet (je ne comprendrai jamais pourquoi certaines personnes pensent que la volaille, c'est pas de la viande) mais je pensais pourtant que mes parents avaient compris.
J'ai eu 2 lapins, que j'ai adorés : Virgule et Polochon. Et j'ai aujourd'hui deux adorables poilus, Betty et Gribouille, que mes parents vont bientôt rencontrer. Il n'est donc pas, à mon avis, difficile de se douter que j'adore les lagomorphes et que je leur voue une affection toute particulière.

Alors qu'on m'explique POURQUOI pour le repas de famille ultra relou mais donné pour mon putain d'anniversaire de merde, ma mère a décidé de faire du LAPIN. POURQUOI ?

C'est drôle, en fait, de proposer à une végétarienne de voir dans des assiettes la viande de l'animal qu'elle adore, c'est ça ? C'est marrant, c'est fun, c'est cool ?

J'étais outrée, dégoûtée, et surtout déçue en entendant ça. J'ai failli lui dire qu'elle arrête tout, qu'on ne descendra pas sur Mrsll. Ca m'a profondément choquée. Je ne suis pas la végétarienne extrémiste qui milite pour l'arrêt total des boucheries et qui fait chier tout le monde en prônant les bienfaits de la laitue (cliché). Je n'emmerde pas les gens, sentir et voir de la viande ne me dérange pas (trop), je leur fous la paix, et ne demande que l'inverse. Je peux concevoir qu'un mec qui adore ça prenne un plat de lapin au restau, ça me fout un peu la gerbe mais je comprends et je ne vais pas l'agresser pour ça.
Sauf qu'il s'agit ici du repas pour mon anniversaire.
Je répète, mon ANNIVERSAIRE.

Je ne suis pas trop égoïste ni égocentrique, mais là quand même, qu'on pense un minimum à moi, ça m'aurait fait plaisir.

Au final, elle va "essayer de prévoir autre chose".

Je n'ai vraiment plus du tout envie de descendre dans le sud. Je suis énervée et viens de m'enfiler deux cigarettes, histoire d'avoir encore plus la gerbe. Merci bien.

mardi 9 juillet 2013

9. Constats

Pharmacie.
Une femme enceinte entre. Deux personnes sont en train d'être servies. L'une d'elle finit, la pharmacienne se tourne vers moi, je décline et laisse ma place à la femme enceinte. Au début, elle ne comprend pas, insiste vous-étiez-avant-moi puis je souris un peu gênée, regarde son ventre, elle comprend, sursaute, me dit ensuite merci avec un grand sourire. Merci beaucoup, merci. Merci. Elle le répète environ 7 fois en quelques minutes. Je souris, mais suis dépitée. Allons donc, c'est si exceptionnel que ça ? Laisse ta place aux personnes âgées et aux femmes enceintes, et de manière générale, aux gens qui en ont besoin. Les consignes de ma mère résonnent dans mes oreilles, et si parfois je l'avoue, je ne me levais pas dans le bus car exténuée de ma journée de travail avec mon énorme sac sur le dos, j'ai toujours, toujours suivi l'éducation que j'avais reçue. Voir qu'un geste aussi banal que ça paraît exceptionnel m'attriste.

Boutiques.
Je fais rarement les boutiques, j'ai désormais horreur de ça. Mais là il fallait bien, je voulais quelque chose qui ne s'achète pas en ligne, je le voulais vraiment. J'arrive, entre, commence à faire mon choix. En attendant, la vendeuse part s'occuper d'une autre cliente. Partout, les avertissements Les chèques ne sont pas acceptés. Après avoir tenu la jambe de la vendeuse pendant dix minutes, la femme veut payer par chèque. Refus. Elle râle et s'en va. Pendant que la vendeuse revient vers moi, un homme entre, ni bonjour ni merde, s'accoude sur le comptoir comme un poivrot. Bonjour monsieur, puis-je vous aider ? Un grognement incompréhensible lui répond, elle hoche la tête et finit de m'encaisser. Je paye, lui souhaite bon courage, elle sourit, je pars. Je me souviens des clients de mon père à l'époque, évidemment qu'il y en avait des imbuvables. Mais à ce point ?

Je cède, finis par entrer dans une boutique de vêtements. Il est 11h, il n'y a pas grand monde. J'erre dans les rayons, tombe sur une jolie robe, un jean sympa. Je fouille à la recherche de ma taille. La trouve. Fronce les sourcils. Il y a un souci. Je vérifie, non, c'est bien ma taille. J'essaie. C'est bien trop grand. Je me souviens avoir râlé parce que mes pantalons tombaient, je pensais que le lavage avait eu raison d'eux. Ce n'est pas ça, apparemment. Je me sens bien.

Lit.
Je ne me rappelle plus exactement du début de la conversation. Comment en est-on arrivés là ? La crise de toux et la pointe au coeur étaient des signes, je n'y ai pas fait attention, bien mal m'en a pris. Je suis presque en colère, même si je comprends son point de vue, il n'a pas à dire ce genre de choses sur eux, sur des personnes qui me sont chères, il me demande si je comprends vraiment ce qu'il ressent, je réponds, j'ai juste, je comprends, mais ma colère est toujours là, c'est lui qui ne comprend pas, il n'était pas là il y a dix ans, il ne pouvait pas comprendre, et je lâche cette phrase lourde, dramatique, pour défendre ces personnes et tenter de lui expliquer, de lui faire comprendre qu'il se trompe, et je prononce ces mots insoutenables, ces huit mots atroces qui me renvoient alors à cette période noire, maudite, que je tentais d'oublier, d'entasser, d'enterrer, je me retrouve à 16 ans, devant cette personne, et j'ai mal, j'ai tellement mal, et j'ai peur. Je me retrouve tremblante, en pleurs, et parce qu'il est trop tard, qu'il s'est redressé, angoissé, à peine ces mots prononcés, qu'il est à côté de moi, parce que je lui fais confiance plus qu'à n'importe qui d'autre, je parle, je parle de toutes ces choses qui datent de 10 ans, ces choses que je n'ai même jamais confiées par écrit, à personne. Il écoute, il souffre, il est en colère, il se calme, il me dit que désormais, je dois me servir de ça pour être plus forte, et je pleure, et j'acquiesce, et je serre sa main, fort, très fort, mais j'ai toujours peur. Je parle, il parle, il découvre un peu plus chaque jour mes angoisses, mes faiblesses, mes noirceurs, et pourtant il est toujours là, il me répète ce qu'il m'avait affirmé deux semaines auparavant, et plus le temps passe, plus je sais que c'est lui, ça a toujours été lui, et merde aux clichés romantiques écoeurants.
La nuit passe vite, rêves et cauchemars, souvenirs et hallucinations, j'ai chaud et froid et dors mal. Mais à mon réveil il est encore là, alors je me calme, ferme les yeux, décide d'être plus forte. J'ai encore beaucoup d'efforts à fournir. Mais je sais que je peux y arriver.

8. Nawak

Camembert, sirop de cassis, chocolat au caramel et café au lait.
Un bon repas bien équilibré...

lundi 8 juillet 2013

7. Complétude

Mouais, déjà, rien que la lecture du titre devrait vous faire frissonner. Je vais essayer de faire court et abrégé, histoire de ne pas me (vous) noyer dans la gnangnanitude insupportable des meufs temporairement heureuses.
Donc, nous sommes partis jeudi soir. J'ai fait la connaissance de la circulation en soirée sur le périph', une grande histoire. Pour une meuf comme moi qui exècre la voiture et se déplace en vélo-pédalo-petons, c'était une grande première. Des voitures, des files immobiles, des bouchons, des gens qui conduisent mal et des deux roues qui me font ultra peur. Sérieux quand je suis sur mon vélo, je ne conduis pas comme ça, comment ils font pour rester en vie les gens ?
On part donc jeudi soir vers 18h, on arrive à Cnns vers 22h30, imagine comment j'ai kiffé. 4h30 de route. Surtout qu'il a une conduite certes sûre mais certes sportive. Genre sur les routes de campagne qu'il connait depuis qu'il est môme, il se lâchait. Moi aussi, mais pas de la bonne manière. Je me suis pourtant vite habituée. La confiance, sûrement. Si ça avait été mon père au volant, j'aurais hurlé à la mort. Sans blague.
J'ai fait la connaissance de sa mère, ses grands-parents, deux de ses oncles, maisons de campagne gigantesques, je comprends qu'il se sente étouffé-opprimé-compressé dans son 45m² parisien en coloc.
Je renoue avec la nature. La vraie. Celle qui se peint sur les toiles, avec des champs de blé et d'orge immenses, la forêt humide et le ciel où je peux voir les étoiles. La nuit, pas un bruit. On croise des tracteurs, des petits vieux du village, je suis en vacances, dans « son » village et je me sens bien.
Le vendredi, je visite Trs, j'aime beaucoup. On se balade, on boit du champagne tout le temps le soir autour d'un bbq, le samedi on aide un de ses vieux copains à déménager. 5 camions sont nécessaires (heureusement on en avait 2), à la fin, je me rends compte que j'ai des muscles dans les bras, et j'ai mal. Des bleus fleurissent un peu partout sur mes jambes, mais je m'en tire vivante. Le soir, bbq encore, je m'habitue grave à boire du champagne comme de l'eau, c'est mal. Le dimanche, on va sa balader vers le château de Maulnes, fermé le matin. J'ai des souvenirs qui me reviennent plein la gueule, dans la forêt, les sentiers humides, les ronces sauvages et les framboisiers. Je repense beaucoup à la belle époque, quand j'avais 10 ans et qu'on partait en vacances avec mes grands-parents à Pisançon. Même topo. Village minuscule (mais pas de champagne), vaches, tracteurs, balades en forêt. Je ne suis pas triste en pensant à mon grand-père, même si la nostalgie est bel et bien présente. Nous repartons sur Paris le soir, bonne route, un périph' presque fluide, on arrive vers 23h30, couchés, dodo.

Il est au travail en ce moment, je squatte son appartement. Ce matin je suis passée voir mes lapins et M. à Crbv. En arrivant, je vois qu'il a débuté les cartons, j'ai une sensation bizarre dans l'estomac. Mélange de culpabilité, d'appréhension pour lui, mais la culpabilité est gagnante. M. ne sait pas que je suis avec quelqu'un, et je n'aime pas mentir. Mais je n'arrive pas. Je n'arrive pas à lui dire, à lui qui a si peu confiance en lui, que je suis partie pour quelqu'un d'autre. Je l'ai vécu, c'est tellement, tellement douloureux. Ce n'est pas une excuse, mais ma mère me dit que je n'ai pas à me sentir coupable. Nous menons deux vies séparées désormais, je n'ai pas à tout lui dire. Je repars, espère qu'il pourra avoir l'appartement qu'il a repéré. La route, le transilien, les gens, mon sac de linge. Retour à l'appart' parisien. La mère au téléphone qui me demande s'il est sympa et surtout, de quel signe il est. J'arrive à Mrsll samedi, je lui réponds qu'elle verra bien s'il est sympa. Ma grand-mère me demande s'il est charmant, même réponse. Mon autre grand-mère me demande si je suis heureuse, et là je réponds oui.

Autrefois, quand nous étions ensemble à Mrsll il y a de ça 5 ans, j'avais peur. Peur d'être moi, peur d'être stupide, peur d'être laide, peur qu'il se rende compte de mes défauts, peur. Ce n'est plus le cas. Il remarque une cicatrice sur la fesse, un poil solitaire ultra laid sous mon menton, mes jambes ne sont pas bien épilées, et plein d'autres trucs pas super féminins du tout. Mais je n'ai plus peur de lui montrer. J'ai quand même vachement mûri. Et rien que pour ça je suis fière de moi.

J'ai déjà dit que nous parlions beaucoup. Nous continuons. Ca me rassure et m'apaise. Voilà. Je n'ai pas besoin de dire autre chose pour l'instant.

Je continue de fumer mais essaie de diminuer pour arrêter vite. J'avais repris sous l'effet du stress et quand on reprend, on redevient encore plus accro, mais je veux arrêter vite. J'avais pas trop mal réussi il y a trois ans, j'ai plutôt confiance.

J'ai acheté des bouquins sur Roosevelt. Pas passionnant, mais ça va, c'est moins pire que Wharton.

Je dois apprendre à gérer ma thune.
En juin je m'étais lâchée AVANT de me séparer de M. et de lui dire d'arrêter de payer le loyer. Du coup, les Doc à 180€, le collier Vivienne à 100€ et toutes les autres petites conneries achetées sans faire trop attention, elles me font un peu mal. Grand coup de pied dans mon compte ce mois-ci. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai hâte que mon anniversaire arrive et renfloue les caisses. J'espère toucher la quinzaine d'heures supp' dûes en juillet, aussi.
Ca me permettra de reprendre un rythme financier normal. Il faudra que je revoie mon budget parce que payer 880€ seule, ça va me faire un choc, quand même (non parce que finalement, je ne pourrai jamais accepter que mes parents me filent 100e / mois pour m'aider). On verra bien ce que ça donne. Si c'est trop dur, je déménagerai l'année prochaine.

J'ai hâte de réaménager mon appartement.

J'ai hâte de descendre à Mrsll.

J'ai hâte d'être à demain. Et ça, c'est vachement bien.

jeudi 4 juillet 2013

6. Frilosité

Nous sommes le 4 juillet et j'ai froid. J'ai un PULL putain. Je répète : nous sommes le 4 PUTAIN DE JUILLET.
J'ai sûrement pas envie de me fondre et d'être une larve dès que je dois marcher plus de 4 minutes mais sérieusement, un peu de beau temps ça m'aiderait à me motiver.
Je dois sortir pour aller acheter des livres drôles (hahaha) sur Roosevelt et j'appréhende parce que j'ai FROID. Ah bah elle est loin, l'époque où j'étais en chemise au marché de Noël à Aix. Je suis devenue frileuse, moi qui me vantais tant de ma résistance au froid. Déception.

Je m'habitue à HD (auteur agreg), toujours pas à Frances Burney ni Wharton. Dire que je vais devoir les relire...  Je passe à la linguistique et la civi, ça me changera un peu. En espérant que je trouve des livres sympas. Ce soir, je pars. Je reviens dimanche soir. Le coeur qui bat, tout ça tout ça.

mercredi 3 juillet 2013

5. Révolution

Peu de nouvelles, bonnes nouvelles. Enfin, ça dépend du point de vue.

Les questions, les souvenirs que j'évoquais ne sont pas partis, ne m'ont pas laissée en paix. J'ai recommencé à fumer, je n'ai toujours pas très faim. Mais la différence, c'est qu'aujourd'hui, j'ai accepté ces souvenirs qui, de douloureux sont devenus précieux et tendres. Je suis heureuse aujourd'hui. Mais à quel prix.

Récit.

J'ai mis fin à une histoire de 3 ans. Un record pour moi. 
Une histoire qui m'avait apporté stabilité, tendresse, affection. 
Une histoire qui m'avait aidée à m'accepter telle que j'étais, avec mes défauts, qui m'avait aidée à éviter Mia, qui m'avait aidée à prendre conscience que j'avais de la valeur. 
J'y ai mis fin, j'ai tout arrêté, avec l'impression de piétiner cruellement tout ce berceau de tendresse qui m'avait enveloppée depuis si longtemps. 

Je suis partie. 

Il y a eu toute une accumulation d'indices, de signes avant-coureurs. L'amertume du cadeau de Noël, le constat du néant concernant notre vie sociale, le fait que jamais nous ne soyons partis en vacances, l'ennui, la frustration par rapport à ses études, la lassitude quand je rentrais et que tous les jours il jouait, et d'autres, tant d'autres. Je pensais pouvoir supporter tout ça, je m'étais dit que j'y étais habituée. Et puis la question qui déclenche tout lors de la soirée entre collègues, la putain de question qui fait mal, tu es heureuse? et l'alcool, et le ventre vide et le coeur qui se flétrit en un millième de seconde, je reste muette, je sais que non, putain, non, je ne suis pas, je ne suis plus heureuse, je veux partir, je pense à l'autre, je pense à moi autrefois, je regrette, je déteste regretter, alors je prends ma décision.  En sortant du restaurant, j'envoie un sms, un appel à l'aide. Il me rejoint à la gare, et je sais alors qu'entre M. et moi, c'est fini, il n'y a plus rien. Je passe la nuit dans ses bras, une nuit blanche, totale, je pars au travail défoncée, triste, heureuse, paumée, enveloppée de fumée et d'effluves d'alcool. 
Lorsque je rentre sur Crbv le soir, j'évite M., je ne le regarde pas, ne l'embrasse pas, pars me coucher directement. Je passe mardi soir ailleurs et lorsque je rentre mercredi après-midi, je lui dis, je ne suis plus heureuse, et tout s'arrête. 

En ce moment, je suis chez lui, enfin plutôt, chez eux, vu qu'il est en colocation. J'y reste pendant que M. cherche un appartement. Comme il s'occupe de mes lapins, je lui dis d'arrêter, en contre-partie, de payer sa part de loyer. De toutes façons il faut que je m'habitue à le payer seule. Je me plaignais d'argent, j'ai pas fini. 

Evidemment, la question qui se pose, c'est qui est ce lui dont je parle, ce lui qui me refait me sentir heureuse à nouveau. Oh, mais si vous me connaissez un peu, vous vous en doutez, peut-être. 
Car oui, c'est bien lui, le green-eyed man. 
Celui qui m'avait quittée il y a de ça 5 ans pour la Bretagne, celui qui m'avait offert le plus beau des miracles de Noël sur Paris, celui qui m'avait fait pleurer, tant pleurer lorsqu'il était vraiment parti, celui que je n'ai jamais vraiment oublié. 
Sur un malentendu, nous nous revoyons, et je cède et je craque et mon coeur me dit que je suis une idiote finie. Et quelques jours plus tard, nous nous retrouvons. Pour de vrai. 

Nous avons beaucoup parlé. 
Chacun, de notre côté, nous avons évolué, rencontré des gens, vécu des choses. Nous savons ce que nous voulons. Il reconnait ce qu'il a fait. S'en veut. Je sais que je n'ai pas été honnête non plus.
Nous avons beaucoup parlé. 

J'ai confiance. 
J'ai confiance en lui, j'ai confiance en moi. C'est mon choix de revenir avec lui, parce que si je ne le fais pas, je le regretterai toute ma vie. Je recommence à vivre. Enfin. 
Il me booste, il me motive au lieu de compatir, il me sort, nous avons des projets. Putain, des projets ensemble. Il regrette. Je l'embrasse. 
Je me sens vivante. A nouveau. 
Les gens peuvent bien penser ce qu'ils veulent : que je suis une cruche qui va se faire avoir, que je suis c*nne de revenir avec lui, que.... Je m'en moque. Et si je me casse les dents, ce sera entièrement de ma faute et j'assumerai tout ça toute seule, comme une grande. Mais laissez-moi. Laissez-moi essayer d'être heureuse avec celui que j'aime vraiment. 

Ma mère me dit qu'elle comprend, que c'est de mon bonheur dont il est question. Je lui dis que je suis heureuse, et je sais qu'elle sourit un peu au téléphone. 

Nous avons beaucoup parlé. 
Pour éviter les erreurs, les déceptions à venir. J'ai pleuré, de nombreuses fois, parce que j'étais heureuse, parce que j'étais triste pour M., parce que j'avais peur, parce que je lui confiais de douloureuses choses que je n'ai dites à personne, parce que je lui ai avoué ma relation avec Mia. Il m'a écoutée, m'a rassurée, m'a acceptée, m'a encouragée à aller de l'avant. Il me promet de me botter le cul pour bosser l'agreg, il dit qu'il me fait confiance, il dit plein de choses totalement gnan-gnan, je rigole, je ne me souvenais pas qu'il pouvait avoir des sursauts de romantisme crétin. Il me dit que j'étais plus romantique autrefois, que j'ai sûrement changé à cause de lui et il s'en veut, et je rigole, ça ne vient pas que de lui, surtout pas. 

Il m'a présentée à ses amis. Des amis proches. Il était heureux de le faire. A un peu insisté car j'étais fatiguée, mais m'a dit que c'était important pour lui, alors je suis venue. A eux, il n'avait jamais présenté personne. J'oscille entre fierté, bonheur et intimidation.

Ce week-end je rencontrerai sa mère, et cet été, il pose ses jours de congé et nous partirons en vacances chez mes parents. Nous retournerons en week-end avec ses amis ensuite. 

J'ai l'impression d'être redevenue la meuf d'il y a 5 ans, qui écrivait  un billet sur le miracle de Noël qu'elle venait de vivre.Et ça fait du bien. Je m'en veux presque de me sentir aussi bien. Mais tant pis. Je compte bien en profiter.