samedi 14 septembre 2013

25. Régression

Je déteste cette compagnie. Je déteste les m@cs.
J'en utilise un en ce moment. Le green-eyed man me l'a donné, mon pécé portable ayant son clavier mort. Je m'y suis habituée, je commençais même à trouver ça vraiment bien.

Et puis voilà qu'aujourd'hui, sans savoir pourquoi, j'ai eu envie de me pomponner. Alors, par amusement, j'ai voulu me prendre en photo. Genre, je regarde un peu ma tronche, je sais que maquillée ET avec la lumière pourrie des webcams, ça rend pas trop mal.

Sur un pécé, tu allumes ton programme, tu as ta petite fenêtre "webcam", tu cliques, photo, voilà.

Sur le m@c, tu ouvres le programme, tu as la petite fenêtre qui s'ouvre avec ta mimine et... l'historique des photos consultées / prises avec, juste en dessous. Super cool. Voilà donc que s'affichent, sans que je n''ai rien demandé, des photos du green-eyed man. A l'école, avec sa famille, tout seul, avec... ah. Avec celle pour qui il m'a quittée il y a cinq ans.

Et là,
franchement,
très honnêtement,
même si toutes les fibres de votre corps vous hurlent NE REGARDE PAS CES PHOTOS,
le doigt, automatiquement, les fait défiler,
les yeux se posent dessus,
les survolent,
les observent,
passent,
reviennent,
se ferment,

et l'esprit, la raison, tout ce qui vous reste de rationnel tente de survivre,
c'est du passé, ça date d'il y a cinq ans, tu le sais, c'est fini, tu le sais très bien, arrête, arrête, arrête,
mais la bêtise, la peur, l'angoisse, les doutes, le sentiment d'infériorité,
tout revient d'un coup, en masse, sans prévenir,
et assomme.

Elle est jolie, avec ses dents blanches et ses yeux bleus,
ses cheveux châtains, aux reflets clairs, ondulés,
elle est toute fine, on aperçoit sa clavicule gauche sur cette photo,
elle est jolie et, haha, elle dessine, c'est une artiste, elle croque des oiseaux, des animaux, de beaux croquis au crayon et au fusain,
elle est jolie, elle sourit, lui aussi,
c'est vrai,
tout comme moi, lui aussi a été heureux, avec d'autres personnes,
je le sais,
je le sais bien,
mais y être confrontée,
le voir,
vraiment,
c'est pas pareil. C'est douloureux. Egoïstement douloureux.

Je me déteste, quand je réagis comme ça, aussi stupidement, idiotement,
avec cette pensée tellement imbécile, superficielle, absurde, elle est tellement plus belle que moi,
putain putain putain,
alors que j'essaie, depuis si longtemps, de m'accepter, de ne pas me cacher derrière des tonnes de maquillage, de ne pas avoir honte de mes trois boutons et mon nez éclaté et ma petite taille et mes yeux qui se plissent et mes joues qui se froissent et se rident quand je souris, car j'ai un sourire hideux,
alors que je pensais avoir réussi à évoluer un peu,
voilà la seule pensée qui me vient à l'esprit,
elle est plus jolie - je suis hideuse
putain
je n'ai pas progressé,
absolument pas évolué,
et dire que je pensais le contraire,
dire que je pensais avoir guéri, un peu,
oui j'ai plus confiance en moi, je m'estime, je m'assume,
tu parles,
du blabla en joli papier d'soie.

Déchiré.

Retour en arrière.

Il pleut. Parfait.
Je vais sortir.

Aujourd'hui, je ne travaillerai pas.

Je me connais au moins assez bien pour savoir que là,
c'est mort, c'est foutu,
ça va me hanter,
me déconcentrer,
me moisir.

Je n'ai pas changé.

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